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Carte des zones irriguées montrant que la ZAC du Mas de Vignoles a été aménagée sur ces terres « à préserver ».

 

Préserve-t-on assez notre agriculture à l’échelle de l’agglomération ?

La guerre en Ukraine et les effets du changement climatique nous ont brutalement rappelé les risques de pénuries de certains aliments de base. L’interdépendance des États pour assurer l’alimentation de leur population montre aujourd’hui ses limites. Elle nous invite à repenser nos modèles agricoles. La préservation de notre agriculture redevient une priorité à l’échelle des intercommunalités. Quel bilan peut-on tirer des politiques de Nîmes Métropole à ce sujet ?

Pour :

Dans son Plan Local d’Urbanisme (PLU) de 2018, l’objectif de la commune de Nîmes est de réduire la consommation d’espace en privilégiant le renouvellement de la ville sur elle-même et la requalification ou la restructuration des sites urbains dégradés. « 70% de la production de logements et des activités urbaines qui leur sont liées seront réalisés dans le tissu urbain existant ».

Les extensions urbaines d’habitat porteront sur les sites de Mas Lombard, Petit Védelin et Grand Védelin, Puits de Roulle, déjà inscrits dans le PLU précédent en zones à urbaniser. Une partie des zones d’urbanisation future du PLU de 2004 est reclassée en zone naturelle ou agricole (Villeverte, la pointe ouest de Mas de Vignoles, la partie sud-est de Mas Lombard)

Contre :

Certes, la préservation des terres agricoles figure dans les objectifs du Projet d’aménagement et de développement durable du PLU. Mais on peut regretter que cela n’occupe que 2 objectifs parmi les 46 de ce document. Par ailleurs, aucune réflexion sur la valeur agronomique des sols, ni aucun calcul sur le volume de terres à sanctuariser n’ont présidé à la définition des zones à réserver à l’agriculture. Dans le PLU, la production agricole n’est pas considérée comme un besoin, contrairement à l’habitat, les équipements publics et les zones d’activités. De nombreux secteurs de bonne valeur agronomique et disposant d’un réseau d’irrigation ont été mobilisés dans le passé pour y construire de vastes zones commerciales au sud de la ville (cf carte jointe ).

Pour :

Pour aller plus loin que la protection du foncier agricole, Nîmes Métropole s’est engagée dans un Projet d’Alimentation Territorial, en concertation avec de nombreux acteurs. Ce PAT, prévu dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 a été voté en avril 2022.

Son ambition est de consolider le tissu agricole, de développer les circuits courts, d’accroître la part du bio, de lutter contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Son programme d’actions vise à faciliter les transmissions de terres agricoles afin de renouveler les générations d’agriculteurs. Il ne sert à rien, en effet, de préserver des terres, s’il n’y a plus d’exploitants pour les mettre en valeur.

Contre :

Le principal allié de la préservation de l’agriculture sur l’agglomération est le Plan de prévention des risques d’inondation. Il limite drastiquement les projets d’extension urbaine.

La PAT de Nîmes Métropole fait le constat de l’accélération de l’artificialisation en 2019 et 2020 à l’échelle du SCOT Sud Gard. Il est urgent que des mesures plus restrictives soient prises dans les PLU de toutes les communes de l’agglomération. La loi Climat du 22 aout 2021 inscrit « l’objectif d’absence d’artificialisation nette à terme », avec une première étape  d’ici 2030.

Pour :

Face aux conséquences du changement climatique, le PAT prévoit l’extension du réseau d’irrigation BRL et la préservation des terres irriguées. Ce réseau est un atout vital pour assurer la pérennité de productions locales. Il est indispensable pour réorienter une partie des productions vers du maraichage et des céréales dont le territoire de l’agglomération est aujourd’hui déficitaire (alors qu’il est très excédentaire en fruits et en vignes).

Contre :

Si les pistes définies par le PAT Nîmois sont utiles, il est regrettable que les outils dont disposent les collectivités locales restent de portée limitée sur la structuration de la filière agricole. A l’échelle de Nîmes Métropole le nombre d’exploitations agricoles poursuit son déclin. Il passe de 2524 en 1988 à 905 en 2020 (source RGA). Ce phénomène suit l’évolution nationale : « En 50 ans, le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 76% et leur surface moyenne a été multipliée par 3,6. © Reporterre ». La Politique Agricole Commune, avec son principe de subvention à l’hectare a favorisé le développement de grandes exploitations au service de l’agro-industrie.

Sans conclure :

La nécessité de préserver notre agriculture fait aujourd’hui consensus tant au niveau national que local. Si le Projet d’alimentation territorial de l’agglomération est un premier pas pour une action coordonnée, il est dommage que les élus n’aient pas opté pour un PLU intercommunal afin d’atteindre l’objectif de zéro artificialisation

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