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Nîmes perd-elle des habitants par manque d’attractivité ?

La ville de Nîmes perd des habitants : 148 561 en 2019 contre 150 564 en 2013, selon l'INSEE. Alors que depuis le début du XXIe siècle, l’attractivité était marquée par un nombre plus important d’arrivées que de départs, c’est désormais l’inverse : le solde migratoire est devenu négatif.

Mais quelles sont les causes de ce déclin ? Faut-il s’en inquiéter ?

Nos deux experts, Madame Optimiste et Monsieur Contrariant ont accepté de nous faire part de leurs commentaires sur ces statistiques.

 

Mme Optimiste

L’INSEE nous donne des informations sur une période déterminée. Ce n’est donc pas une surprise pour moi. Les prévisions du Programme local de l’Habitat (PLH) de juin 2019 tablaient déjà sur une baisse de l’indice de construction neuve et sur un solde migratoire quasi négatif pour l’agglomération : « un solde migratoire très faible (+0,1% dans le scénario attractivité renforcée et nul dans le scénario central) »

 

M. Contrariant

Bien sûr que ce n’est pas une surprise. Depuis 1968, il y a toujours eu plus de naissances que de décès à Nîmes. Quant au solde migratoire, il a toujours été faible depuis l’an 2 000, sauf sur la période 2008-2013. Au cours des dernières années, il est redevenu négatif.

Donnés suivantes issues du Dossier Complet INSEE Commune de Nîmes (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=COM-30189#chiffre-cle-1)

 

Mme Optimiste

Un besoin de constructions neuves et de logements rénovés se fait jour, d’autant plus que la taille moyenne des ménages diminue (ménages âgés sans enfants plus nombreux, couples divorcés, familles monoparentales …). De 2013 à 2019, la population nîmoise perd 2315 personnes, tandis que l’on compte 534 ménages supplémentaires. Construire du neuf ou réhabiliter de l’ancien est un défi majeur à Nîmes. Les zones constructibles sont très limitées en raison des zones inondables et de la nécessité de préserver la garrigue. Les politiques de rénovation urbaine, comme l’opération Hoche Sernam, n’ont pas encore produit tous leurs effets dans les statistiques de l’INSEE.

 

M. Contrariant

Le problème ne se résume pas à la faiblesse de la construction neuve ou des rénovations urbaines. Le parc de logements s’accroit de 1841 unités entre 2013 et 2019, mais seuls 29% d’entre eux sont des résidences principales. Ces 531 logements correspondant peu ou prou au nombre de ménages supplémentaires. Tandis que les 71% restant (1310 logements) ont contribué à faire bondir le nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels (+53% sur la période). 

C’est la politique de priorité au tourisme conduite par les élus qui vient grandement perturber le marché locatif sur la ville. Les 6421 logements vacants représentent 7,8% de l’ensemble des maisons et appartements à Nîmes. Leur nombre baisse légèrement. C’est une bonne chose. Mais le choix d’affecter son logement au tourisme est manifestement un choix de rentabilité de son patrimoine. En témoignent les cartes de l’offre de location vacances à Nîmes sur les sites Airbnb et Booking.com (2023).

 

Mme Optimiste

Nîmes devient en effet une destination touristique de plus en plus prisée. Elle figure à la 24ème place du classement des 52 destinations à visiter cette année dans le monde selon le New York Times. Le succès des monuments romains et du musée de la Romanité conforte cette tendance prometteuse.

Il ne faut pas oublier que les choix des patrons pour implanter une entreprise ne dépendent pas que de la fiscalité et des dessertes. Très souvent c’est le feeling du patron avec une localité qui fera la différence. S’ils viennent à Nîmes pour un congrès ou une manifestation culturelle, ils peuvent découvrir une ville et en être séduits. Les succès du programme « 1000 nouveaux emplois » créés ou engagés, lancé par Nîmes Métropole montrent que l’attractivité de Nîmes n’est pas que touristique.

 

M. Contrariant

Le problème ne vient pas que du choix du tout-tourisme. La réduction du parc social renforce la perte de population. Nîmes a perdu 392 logements HLM entre 2013 et 2019, alors que le diagnostic du PLH montre que les demandes de logements sociaux s’accroissent bien plus vite que les attributions. En moyenne, il y a plus de 5 demandes pour une attribution !

 

Mme Optimiste

Pour moi, cette baisse de population n’est pas significative. La rénovation urbaines et l’accueil d’entreprises au sein de l’agglomération n’ont pas encore porté tous leurs fruits. Par ailleurs, il convient de raisonner aujourd’hui à l’échelle de l’agglomération, car la dimension communale limite les possibilités d’accroitre le nombre de résidences principales (risque inondation, protection des espaces naturels).

 

M. Contrariant

Certes, mais c’est le choix du tout-tourisme et la réduction du parc social qui favorisent le déclin démographique. La politique municipale a pour effet de détourner une part croissante des résidences principales vers le marché rémunérateur et sans contraintes des locations touristiques. La volonté de réduire la part du logement social conforte cette évolution, car les demandeurs ne trouvent plus de réponses dans les logements privés abordables.

 

Sans conclure :

Nîmois de longue date ou installés plus récemment, vous avez sans doute une expérience et une opinion sur ce débat essentiel pour la vie quotidienne et le développement urbain. Prenez votre plume ou votre ordi et faites-nous part de vos réflexions.

 

Source des données : INSEE 2023

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=COM-30189#chiffre-cle-3

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=EPCI-243000643#chiffre-cle-3

ADIL, Les chiffres clés de l’habitat et du logement dans le Gard, 2019

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