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 La lettre nîmoise du débat citoyen

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Que faut-il penser du solde migratoire négatif

de l'agglomération nîmoise ?

 

Alors que l’Occitanie continue d’enregistrer plus d’arrivées de nouveaux habitants que de départs, l’INSEE révèle que l’agglomération nîmoise fait exception à ce mouvement positif. https://www.insee.fr/fr/statistiques/6011794

4ème agglomération de la région, elle est la seule de plus de 50 000 habitants à perdre de la population. Entre 2013 et 2019, le solde migratoire est devenu négatif (- 0,5 % par an). C’est dans la ville centre que l’on observe le recul le plus significatif, ayant valeur d’entraînement pour l’ensemble de l’agglomération et même le département, selon l’INSEE. À quoi attribuer cette situation ? Est-ce une faiblesse ou bien une force ?

Pour :

Le solde migratoire a longtemps été, comme le PIB en économie, le principal indicateur du dynamisme d’une ville. Cet indicateur a poussé les villes à multiplier les opérations d’urbanisme pour afficher un score meilleur que ses voisines. La crise du COVID a clairement montré que le modèle de la métropole en forte croissance encensé hier, ne sera sans doute pas le modèle idéal de la ville de demain.

L’agglomération nîmoise a certes un solde migratoire négatif, mais elle affiche un solde naturel tout à fait satisfaisant de + 0,4% (troisième croissance d’Occitanie juste derrière Toulouse et Montpellier).

Contre :

Entre 2008 et 2013, dans l’agglomération, les arrivées étaient plus nombreuses que les départs (+ 0,8 % par an) alors qu’entre 2013 et 2019, le solde migratoire est négatif (- 0,5 % par an). Si la banlieue de Nîmes reste attractive, Nîmes a perdu 2 000 habitants, passant de de 150 564 habitants à 148 561 habitants. N’est-ce pas la conséquence de l’épuisement d’un modèle de développement de la ville ?  Celui des années 1980, fondé sur la seule attractivité touristique, liée à l’exaltation de la romanité, et des industries dérivées (parc d’attraction par exemple). Et centré sur de lourds investissements qui ne correspondent plus aux exigences écologiques et sociales actuelles : gare TGV de Manduel, bétonisation à outrance du centre, poursuite de l’étalement urbain.

Pour :

Le rapport INSEE concerne la période 2013-2019. Il ne prend pas encore en compte l’attrait post-confinements pour les régions : selon une étude, avec la généralisation du télétravail, le sud attire, et Nîmes se place en 2021 à la 15ème place sur 35 villes où les sondés aimeraient s’installer. (https://www.greatplacetowork.fr/evenements/palmares-villes-2021/ )

Le baromètre Arthur Loyd 2021 de l’attractivité des métropoles françaises (sorti fin novembre 2021) donne une image actuelle de Nîmes intéressante. Nîmes se classe 5ème sur 18 dans la catégorie « métropoles intermédiaires ». Elle est même 1ère sur les critères « Connectivité, capital humain et innovation ». Les efforts en matière d’immobilier tertiaire et d’accueil des entreprises portent leurs fruits.

Contre :

Si Nîmes métropole perd de son attractivité, c’est en raison de l’absence de vision intercommunale du développement urbain généré par une conception autocentrée : tous les grands équipements sont sur la commune de Nîmes (Piscine Nemausa, Musée de la romanité, futur Palais de congrès, futur stade de foot …) sans être accompagnés par un essor des moyens de transport correspondant à l’étendue de l’agglo. Or une amélioration constante des mobilités est un impératif de la vie quotidienne.

Pour :

Plusieurs facteurs peuvent expliquer le solde migratoire négatif. Le premier est lié aux politiques d’urbanisme conduites ces dernières années. Contrairement à sa voisine Montpellier, la ville de Nîmes a peu engagé de grandes opérations de rénovation urbaine sur ses faubourgs, hormis Hoche Sernam. Sur la période précédant 2019, la politique de densification inscrite à présent dans les nouveaux PLU n’a pas encore produit ses effets. Les nouvelles zones de bureaux sorties de terre devraient donner un coup d’accélérateur pour attirer des entreprises que les locaux du centre-ville rebutent.

Contre :

Nîmes métropole a consommé 809 hectares de terres agricoles ou d’espaces naturels essentiellement pour l’habitat, et un petit quart pour les activités ces dix dernières années. Ces 809 hectares représentent la valeur de 1 156 terrains de football ! Preuve de l’essoufflement du modèle de développement, l’arrivée d’une nouvelle population n’est pas au rendez-vous, sans doute parce que le rapport entre la consommation d’espace et la création d’emploi est très faible. À peine 200 emplois/an sur la période considérée (Observatoire de l’artificialisation, CEREMA).

Pour :

En ne subissant pas la pression démographique, l’agglomération de Nîmes peut se donner les moyens d’une croissance qualitative. Elle peut choisir de garder une taille qui fait son caractère et sa spécificité sans accroître la congestion de ses voiries. Cela devrait lui permettre de mieux organiser son urbanisation et de conduire des politiques de rénovation urbaine nécessitant plus de temps.

Contre :

Le modèle de gestion urbaine renforce une ségrégation qui se traduit par une sorte de mise à l’index des quartiers populaires (40 000 habitants), où s’accumulent chômage, précarité, pauvreté. Les actes de délinquance et de criminalité fortement médiatisés contribuent à donner une image dégradée et angoissante de l’ensemble urbain. « Nîmes ça craint »… Il sera intéressant de savoir si ce sont les milieux populaires ou bien les actifs aisés qui quittent la ville.

Sans conclure :

L’attractivité d’une ville dépend de nombreux facteurs. Une ville se doit d’être attentive à cet élément qui repose sur la qualité de vie pour ses habitants et sur les commodités offertes aux entreprises. Nîmes est une exception en Occitanie. L’avenir nous dira si c’est un atout sur le long terme ou le début d’un déclin.

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