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Le projet de Déviation Nord de Nîmes est-il encore souhaitable ?

Le projet de Déviation Nord figure au Dossier de Voirie d’Agglomération de 1999. Cette voie nouvelle de 11 km est prévue avec un statut de voie expresse et trois échangeurs (route d’Uzès, route de Poulx, boulevard sud à l’échangeur Est). Les concertations et les risques d’inondations ont conduit à différents ajustements du tracé et à la reprise d’études. Le Département annonce aujourd’hui un début des travaux en 2025 et un coût actualisé de plus de 90 millions d’euros, soit le double du devis initial. Les opinions sur ce projet sont très contrastées.  On peut aussi se demander s’il est encore d’actualité au moment où la lutte contre le changement climatique nous impose de réduire la place de la voiture en ville.

Pour :

Nîmes est une des seules villes moyenne qui ne dispose pas d’une rocade. La RN 106, qui relie Alès à Nîmes, est particulièrement chargée. Le trafic atteint 33 000 véhicules par jour à l’échangeur Ouest avec des bouchons aux heures de pointe. Le boulevard Sud dépasse les 45 000 véhicules par jour sur certains tronçons. Les nuisances et les pollutions engendrées s’accroissent d’année en année. La déviation Nord va permettre de mieux répartir le trafic et donc améliorer les conditions de circulation à l’intérieur de l’agglomération. Elle va offrir une liaison EST-OUEST dans les meilleures conditions de confort et de sécurité.

Les simulations de trafic montrent que la déviation nord vient soulager les axes Est-Ouest de la ville, le boulevard Talabot, la route d’Avignon, la route de Sauve, l’autoroute, le chemin des limites. La déviation Nord soulage la RN106, le trafic de transit préférant contourner Nîmes par le Nord., afin d’éviter le giratoire Nîmes Ouest.

Contre :

Selon l’étude de MVA Consultancy de 2012, la part de transit dans les déplacements de l’agglomération n’est que de 7%. Ce n’est donc pas la justification du projet. Ce projet se fonde de plus sur des hypothèses obsolètes. Les études prennent en compte le projet abandonné de Porte Nord (20 000 habitants et 3000 emplois). Le maintien de la place de la voiture dans les déplacements urbains est l’hypothèse de base (56% en 2004 à 55% en 2040). Nîmes est ainsi l’une des seules agglomérations à faire le choix de la voiture individuelle pour les 30 années à venir. Est-ce d’actualité au moment où tout nous impose d’accroître la part des transports collectifs, du vélo et de la marche à pied ?

Les simulations de trafic avec la Déviation Nord et ses hypothèses obsolètes montrent quelques réductions de trafic sur certains axes, mais le bureau d’étude précise que « Cependant les écarts sont assez faibles, et le seul report conséquent est celui depuis l’autoroute A9. ». Le principal bénéfice de la déviation nord est d’alléger le trafic sur l’autoroute A9 de 4500 véhicules par jour. Espérons que Vinci ne viendra pas demander une compensation.

Pour :

Une meilleure répartition du trafic au sein de l’agglomération va permettre de redonner aux habitants un cadre de vie plus satisfaisant. Il est légitime que les nuisances engendrées par le fonctionnement nécessaire d’une ville ne se concentrent pas sur certains quartiers. Les oppositions au projet manifestées par des habitants de la garrigue semble plus relever de la défense d’un environnement privilégié que du souci de l’intérêt général d’une cité.

La Déviation Nord va également permettre le développement des transports en commun en libérant de la capacité en centre–ville. L’attractivité du transport en commun dépend de son confort, de sa fréquence et de ses temps de parcours. En redonnant de la fluidité aux axes surchargés, on améliore la régularité et les temps de parcours. Cela ouvre aussi la possibilité de poursuivre le réseau de bus à haut niveau de service sur des voies réservées.

Contre :

Toute infrastructure nouvelle engendre des déplacements nouveaux. Elle se comporte comme une éponge. L’arrivée d’une ligne TGV nous invite à nous rendre plus facilement à Paris. L’ouverture d’une ligne aérienne low-cost nous donne l’idée de voyages que l’on n’aurait pas envisagés. Pour une route nouvelle, c’est pareil. Une voie expresse nous permet de nous déplacer plus vite, donc d’habiter plus loin ou bien de partir plus souvent dans le secteur ainsi desservi. Tout temps de parcours économisé est réinvesti en déplacements nouveaux. La déviation nord aura donc de nombreux impacts négatifs : outre son impact direct sur les terrains aménagés (faune, flore, pollution, bruit …), elle va contribuer à accroître les déplacements en voiture.

Sans conclure :

Si les problèmes de congestion et les nuisances sont manifestes sur certains axes, il semble aujourd’hui très incertain que la bonne manière de les résoudre passe par la construction d’une déviation nord. En effet il apparait indispensable d’actualiser les hypothèses de développement urbain et d’évolution des parts des différents modes de déplacement afin d’évaluer les impacts de ce projet. Investir 90 millions d’euros en se fondant sur des données obsolètes risque de faire de nombreux déçus.

Etudes accessibles sur http://www.ruster.fr/dossiers du quartier.htm