CONTROVERSE(S)

 La lettre nîmoise du débat citoyen

Actualité

Notre raison d'être

Nos lettres

Nos enquêtes

Nous contacter

Liens utiles

 

Avons-nous vraiment besoind’accueillir des vols low-costs

à l'aéroport de Nîmes ?

« L’aéroport nîmois compte reprendre son envol avec de nouvelles lignes vers l'Irlande et l'Écosse au printemps » titrait le Midi Libre le 25 février dernier. Une vague d’optimisme portée par son délégataire EDEIS ravit les élus de l’agglomération. Mais au moment où les enjeux climatiques invitent les nations à réduire le trafic aérien, faut-il se réjouir de cette relance de notre aéroport. Avons-nous-vraiment besoin de ces vols low-costs ?

Pour :

Offrir un large panel de destinations est un atout majeur pour l’attractivité économique et touristique d’un territoire. Pour les opérateurs touristiques, la possibilité de vols directs favorise les courts séjours. Cela contribue à élargir la saison, et donc la qualité des emplois induits. Le développement du trafic passagers participe également à la dynamique des activités aéro-industrielles de la plateforme. Une vingtaine d’entreprises sont déjà présentes et certaines ont des projets d’agrandissement.

Par ailleurs, l’accroissement des lignes vers des grandes villes européennes sera un atout pour les familles dont les enfants sont inscrits dans les programmes Erasmus ou optent pour un premier job à l’étranger. Les vols très bon marché permettent de cultiver les liens.

Contre :

Malgré les efforts de son concessionnaire, l’aéroport de Nîmes restera un pôle très modeste, donc fragile en cas de retournement de conjoncture. Montpellier et Marseille offrent à une heure de Nîmes un choix très important de destinations.

La crise du COVID nous a montré que trop miser sur le tourisme est un pari incertain pour l’avenir. Les conflits géopolitiques qui risquent de se multiplier et leurs effets sur les revenus des ménages et des entreprises auront un impact direct sur le trafic aérien. La banalisation des échanges en visioconférence a déjà sensiblement réduit les réflexes de déplacements des années précédentes. Toute baisse des revenus aura des conséquences sur les dépenses non essentielles.

Pour :

L’aéroport de Nîmes dispose d’un atout majeur par rapport à Montpellier et Marseille. Il est loin de la saturation et surtout il y a peu de zones urbanisées proches. Il est appelé à jouer un rôle complémentaire clef avec ces deux aéroports. Par ailleurs le projet de création d’un pôle d’expertise européen en matière de Sécurité Civile en cours de discussion pourrait engendrer de nouvelles activités économiques et de nombreux emplois industriels.

Contre :

Le réchauffement climatique nous impose des changements radicaux de nos modes de production et de consommation. Il nous faut dès maintenant engager la réduction du trafic aérien.

Le vol low-cost est le dernier avatar de la société d’insouciance. Il nous pousse à consommer plus, comme « partir en week-end à plus de 1000 km pour pas cher ». Mais, en fait, il n’est pas cher, car le contribuable en paye une partie, les salariés sont mal rémunérés et l’entreprise a son siège dans un paradis fiscal.

Pour :

Selon plusieurs études le secteur numérique mondial est à l’origine de 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre, soit près de deux fois plus que le trafic aérien. Et le poids du numérique est appelé à se développer drastiquement dans les années à venir.

De son côté la mise en place d’avions de ligne plus économes en carburant permet d’améliorer ses performances. Les premiers avions « verts », hybrides, voleront d’abord sur les petites lignes : les petits aéroports seront donc bien placés pour l’accessibilité aux villes moyennes. Par ailleurs, avec la hausse du prix du kérozène, les compagnies sont de plus en plus incitées à atteindre des niveaux de remplissage élevés pour maintenir leurs marges. Les lignes au départ ou à l’arrivée de Nîmes ne pourront subsister qu’avec de bons niveaux de remplissage, donc un bilan carbone réduit.

Contre :

Faire fonctionner ces petites lignes a un coût pour le contribuable. Dans la nouvelle délégation de services publics la mise à disposition de l’ensemble des équipements et biens de l’aéroport rapporte en net à Nîmes Métropole 901 000 € sur 7 ans, soit 10 700 € par mois. Ce n’est pas cher pour un loyer, alors que l’exploitant annonce dans son compte prévisionnel plus de 2,5 M€ de redevances aéronautiques et extra-aéronautiques, et plus de 2,3 M€ de financement des missions régaliennes.

Si l’on regarde les comptes 2020 d’EDEIS, on s’aperçoit que le plus gros poste de charges, après les charges de personnel (2,5 M€) est le poste « Annonces et insertions marketing, mesures incitatives ». Il avoisine les 2 M€. La subvention de fonctionnement versée par Nîmes Métropole (qui permet de baisser le montant perçu par l’agglo) sert en bonne partie à de l’action commerciale, qui bénéficie indirectement à Ryanair.

Pour :

Les retombées économiques engendrées par le trafic aérien sont profitables à l’économie locale. Les lignes de TER, comme les lignes urbaines de transport en commun sont également financées pour partie par les contribuables. L’économie du transport ne peut pas trouver son équilibre sans cela.

Par ailleurs, Edeis va investir 3,4 millions d'euros dans les infrastructures pour améliorer l'accueil des passagers en aérogare (passagers commerciaux ou de l'aviation d'affaires), les pistes, les services de sécurité ou de sûreté pendant les 7 années de son contrat.

Contre :

Reste à savoir si un service de lignes low-costs qui profite à un nombre très limité de gardois peut être qualifié de service public.

Sans conclure :

A la lecture des arguments échangés, on peut se demander si les vols passagers à Nîmes sont véritablement une piste prometteuse pour l’avenir ou la poursuite aveugle d’un modèle du passé. Qu’en pensez-vous ?

retour accueil