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Quel bilan tirer de 20 ans de politique culturelle à Nîmes ?

Pour :

L’image qui domine aujourd’hui est celle d’un fonds culturel important : musées, monuments, théâtre, salle de musiques actuelles et d’un kaléidoscope d’événements qui se succèdent principalement de mai à début août.

Parmi ces événements, les ferias demeurent le rendez-vous majeur de l’année festive nîmoise. Si au niveau tauromachique, l’image de Nîmes continue de rayonner dans le monde grâce aux spectacles dans les arènes, côté fête, les ferias véhiculent désormais une image contrastée dont la ville ne profite plus. L’événement paraît cependant s’essouffler. Qu’en sera-t-il dans dix ans ? Fort heureusement, d’autres initiatives compensent ces week-ends de Pentecôte et des Vendanges en demi-teinte.

Contre :

La politique culturelle de la ville de Nîmes depuis 20 ans fait mentir le mot de Rimbaud : « Il faut être absolument moderne ». Elle repose en effet sur une lecture étroite de la tradition : romanité et tauromachie. Tradition devenue simplement le support d’un marketing permanent. Pour preuve, la dévolution de la gestion des monuments romains à Culturespaces, filiale d’Engie (anciennement GDF Suez), et celle du Musée de la romanité à une SPL (Société publique locale) dédiée, Culture et Patrimoine. Les professionnels de la culture, conservateurs de Musée ou du patrimoine sont relégués au second rang. Une succession de corridas, de combats de gladiateurs et de concerts l’été ne font pas une politique culturelle, mais seulement des jeux du cirque dans l’amphithéâtre romain.

Pour :

Cultureespaces est le cinquième acteur culturel français pour les monuments, musées et centres d’art. Il met son réseau au service du développement des évènements nîmois. Aux arènes, la programmation musicale estivale n’a cessé de s’étoffer et de s’internationaliser.  Pendant la basse saison, le Festival de la biographie ou celui du flamenco sont devenus des rendez-vous phares de la notoriété de la ville.  La programmation à succès de Paloma, en a fait une salle devenue incontournable dans l’univers des musiques actuelles.

Contre :

Le marketing est privilégié au détriment d’une médiation continue entre culture, artistes et publics, via notamment les associations. Même baptisée du nom de la célèbre actrice Bernadette Lafont, la scène du théâtre reste seulement municipale, tandis que Sète et Alès ont leur Scène nationale … L’absence de vision pour le développement culturel conduit à une gestion étriquée des équipements publics. Le Conservatoire de musique, danse et art dramatique en est l’emblème : l’aménagement d’un nouvel établissement est sans cesse différé.  L’augmentation excessive des tarifs exclut les élèves des familles les plus modestes. Repliée sur la ville-centre,  la politique culturelle fait l’impasse sur la dimension coopérative à l’échelle de l’agglomération. Nîmes est l’une des dernières villes où l’École des Beaux-arts (ESBAN) et le Conservatoire ne sont pas gérés par l’agglo.

La politique actuelle cible un objectif économique fondé sur la Romanité et le tourisme. Les forces vives culturelles, les citoyens et les quartiers ne font pas partie de cette politique.  Rien en direction de la citoyenneté et du  renforcement du lien social.

Une véritable  politique culturelle doit poursuivre un double objectif : la proximité et la diversité avec la volonté de s'adresser au plus grand nombre, en multipliant les collaborations entre les niveaux culturels, socio-culturels, associatifs et éducatifs, et en faisant travailler ensemble l'ensemble la totalité des services culturels locaux.

La culture, ce n'est pas seulement le patrimoine et les musées, c'est un véritable projet social. Il faut que tout le monde puisse profiter de la culture, même si on appartient à un milieu défavorisé ou si on est atteint d'un handicap. La ville doit mettre à disposition des associations des locaux et des équipements qui leur permettent de développer leurs projets.

Pour :

La ville apporte son soutien à de nombreuses initiatives conduites par des associations :  le Périscope devenu en 2019 Scène conventionnée d’intérêt national pour les arts de la marionnette,  le Spot et sa collection à ciel ouvert de 55 fresques de street-artistes ; le CACN (centre d’art contemporain de Nîmes) récemment doté d’un nouveau lieu, le Sémaphore pour le cinéma.

Sans conclure :

Une véritable politique culturelle Nîmoise devrait reposer sur deux enjeux :

S'adresser au plus grand nombre, et notamment aux publics défavorisés ou empêchés.

Associer étroitement les acteurs et professionnels du champ culturel à l'élaboration des politiques publiques, à l'instar d'Avignon, d'Arles, de Montpellier ou de Sète.  Privilégier l'événement culturel davantage que l'exploitation du patrimoine. Nîmes doit donc se doter d'un Festival à la thématique originale dans l'espace régional, associant le lien avec les habitants, la valorisation du patrimoine et l'attractivité touristique.