CONTROVERSE(S)

 La lettre nîmoise du débat citoyen

Actualité

Notre raison d'être

Nos lettres

Nos enquêtes

Nous contacter

Liens utiles

 

 

Faut-il mettre en place une tarification progressive de l’eau à Nîmes  ?

La Régie de Eaux de la Métropole de Montpellier vient d’adopter une tarification de l’eau qu’elle qualifie d’« éco-solidaire ». A partir du 1er janvier les abonnés disposant d’un compteur individuel bénéficient d’une tarification progressive de leur consommation d’eau. Pour les habitants avec un compteur collectif, la tarification reste unique.

Cette nouvelle tarification vise deux objectifs :

Þ Faire baisser la facture de 70% à 75 % des abonnés ayant une consommation limité

Þ Inciter les gros consommateurs à réduire leur utilisation de la ressource au regard des risques de pénurie engendrées par le changement climatique.

Ce dispositif crée la gratuité des 15 premiers m3. Puis le coût du m3 d’eau potable (hors assainissement) passe progressivement de à 0,95 € HT, 1,40 € HT et enfin 2,70 € HT au-delà de 240 m3 par an. Il prévoit en plus un versement Eau Solidaire pour les foyers les plus modestes.

Alors faut-il mettre en place une tarification de ce type sur Nîmes Métropole ?  Nous avons interrogé deux spécialistes de la question Monsieur Biencommun et Madame Déessepée.

Monsieur Biencommun :

Une tarification progressive est un message fort envoyé aux consommateurs. Le premier volume de 15  m3 gratuit est le symbole que l’accès à l’eau est un droit fondamental que nous devons défendre. La progressivité rappelle qu’il nous faut impérativement réduire nos consommations face au réchauffement climatique et aux risques de pénuries. Ce signal prix va remettre en cause les projets de piscines et les tentations de gazons.

Madame Déessepée :

Une telle tarification aura un impact limité, car elle ignore les copropriétés qui bénéficient en majorité des cas de compteurs collectifs. Au moment où l’on va densifier les villes avec la politique du Zéro Artificialisation Nette, il faudrait imaginer un dispositif plus incitatif pour tous les consommateurs et en particulier ceux des habitats collectifs. La tarification des entreprises mérite également une réflexion particulière afin d’être incitatif sans être trop pénalisant au regard de leur process de production. Aucune mesure brutale n’est acceptable dans le contexte d’inflation des coûts auquel elles doivent faire face.

Monsieur Biencommun :

Le second avantage de cette tarification est qu’elle se traduit par une baisse des factures pour plus de 70% des usagers. C’est particulièrement bienvenu en cette période de forte inflation. A Nîmes, le prix de l’eau potable augmente de 8,8 % en 2023 ! Le contraste est saisissant.

Madame Déessepée :

Le handicap d’une telle tarification est qu’elle va créer une incertitude sur le montant des factures à régler. Comme pour les impôts sur le revenu, les usagers se poseront la question de savoir s’ils vont atteindre ou pas le seuil de la tranche suivante. Si le système de télérelève simplifie le suivi des abonnés d’Eau de Nîmes Métropole, on peut regretter qu’à ce jour de nombreux abonnés ne sont pas encore familiers avec cet outil de suivi.

Monsieur Biencommun :

Enfin, je pense que le basculement sur une telle tarification est le seul moyen de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la gestion de l’eau sur Nîmes Métropole. Le déficit d’exploitation du délégataire est considérable depuis trois ans. Le seul moyen de corriger ce déséquilibre est d’augmenter le prix de l’eau sans impact sur les consommateurs modestes. Seule une tarification progressive peut le permettre.

Madame Déessepée :

Le déséquilibre du contrat confié à VEOLIA est tel qu’il ne pourra pas passer par une hausse supportée par les seuls gros consommateurs. Le défi sera d’autant plus grand si les incitations portent leurs fruits et que les consommations baissent. Il ne faut pas oublier que 80 % des charges de gestion sont des charges fixes. Il sera difficile d’échapper à un moment ou un autre à une hausse du prix pour tous.

Sans conclure :

La tarification progressive de l’eau est un dispositif  séduisant. Elle est relativement simple à mettre en œuvre dans une Régie. Mais est-elle transposable dans le cadre d’une délégation de service public ? La situation très déficitaire actuelle peut rendre les discussions plus compliquées si on veut aboutir à un avenant gagnant pour les Nîmes Métropole, son délégataire, les usagers et les ressources en eau. Et vous qu’en pensez-vous ? Seriez-vous favorable à une tarification éco-solidaire de l’eau ?

 

retour accueil