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Sécurité à Nîmes :  sortir de l’impasse du tout sécuritaire par la prévention ?

A Nîmes, comme ailleurs, l’insécurité persiste. Elle y prend des formes graves et tourne régulièrement au drame. Elle amplifie ce sentiment profond d’insécurité déjà très prégnant dans la ville, quel que soit notre lieu de résidence.

Au quotidien, les incivilités sont légions dans notre ville. Elles sont autant d’agressions ressenties par les jeunes et les moins jeunes. Harcèlements en tout genre, filatures, bousculades, vols, agressions verbales et physiques etc, sont autant d’actes qui rendent la vie des plus vulnérables, pénible, angoissante et révoltante.

Pour :

Nous savons tous que les politiques de sécurité sont principalement une compétence régalienne de l’Etat. Mais nous savons également que, sur bien des aspects de la prévention, elle est une responsabilité partagée avec les collectivités territoriales.

En matière de sécurité, la répression et la prévention doivent faire cause commune. Et les municipalités, sous la pression de leur opinion publique, ne peuvent pas s’abriter derrière le « paravent »  de l’Etat.  Afin de stopper ce phénomène, il conviendrait de repenser localement la politique dite « tout sécuritaire », déployée depuis plusieurs mandats par la Ville et qui prouve chaque jour ses limites et son essoufflement.

Pour cela, localement, deux actions devraient être conjuguées. La première consisterait à créer et à mettre à disposition une application gratuite de signalement pour les personnes vulnérables (collégiens, lycéens, femmes, minorités sexuelles…). Cette application serait un moyen de d'alerter (photos, vidéos, n° d'urgence) et de géolocaliser afin de faire intervenir au plus tôt les secours. Cette application serait reliée à un poste de police (à mutualiser avec les caméras de surveillance de la ville pour éviter les surcoûts).

La ville de Nîmes s’enorgueillit de développer une application qui alerte sur les évènements de la Ville. On comprendrait mal qu’elle ne sache pas la mettre en œuvre pour une question aussi centrale que celle de la tranquillité de ses administrés.

Contre :

La mise en place d’une application n’est qu’une manière de renforcer la capacité d’intervention de la police par un système d’alerte individuel. Une véritable prévention consisterait à redonner toute sa place à la solidarité sur l’espace public. La peur conduit trop souvent le témoin d’une incivilité à garder ses distances pour ne pas être pris à partie. La question est de savoir comment relancer cette vigilance collective qui s’est érodée ces dernières décennies.

Pour :

La seconde action à mettre en place consisterait à créer des navettes gratuites et sécurisées pour transporter les publics les plus vulnérables en période de nuit notamment. Une sorte de « BLABLACAR MUNICIPAL » qui permettrait de quitter ou rejoindre son domicile gratuitement et en sécurité (contrôleurs présents). L’application citée précédemment servirait à réserver ce service.

Un exemple pour illustrer la proposition : un lycéen de 17 ans sortirait pour fêter un anniversaire chez un copain à l'autre bout de la ville. Par quelques clics, il pourrait signaler au "Blablacar municipal" qu'à une heure du matin, il faudrait le prendre à une adresse précise pour rejoindre son domicile (qu'il mentionnerait au moment de prendre rdv). Les jeunes sortent souvent en groupe et le transport pourrait une nouvelle fois être mutualisé, encore une fois, en s'inspirant du modèle "Blablacar". 

Naturellement, il convient de ne pas alourdir la facture des contribuables. Il nous faut optimiser nos moyens, réviser nos pratiques, réorganiser les services de police municipale. Réorienter notre politique envers nos partenaires institutionnels et nos prestataires peut aussi offrir des opportunités. Par exemple, ne faut-il pas revoir certaines missions dédiées à la SPL AGATE, notamment le contrôle du stationnement, et utiliser une part de ses moyens pour assurer le service de navette de nuit ?

Contre :

Ce service est intéressant mais il pose la question de savoir s’il doit être payé par tous les contribuables. Au moment où l’argent public se fait rare, la solidarité par l’impôt ne doit intervenir que lorsque l’entraide citoyenne n’est pas en mesure de satisfaire les besoins. En l’occurrence, les familles et les amis ont généralement toujours répondu aux besoins de transport nocturnes présentant des risques. Redonner tout son sens à cette entraide qui nourrit les relations sociales parait plus simple et plus adapté.

Sans conclure :

Face à l’insécurité, il apparait indispensable de compléter les mesures répressives en renforçant les mesures de prévention. Les outils numériques d’aujourd’hui nous permettent d’envisager des dispositifs qui sortent des réponses classiques.  Parallèlement toutes les initiatives, comme celles des associations, qui renforcent les liens sociaux et la solidarité doivent être vivement encouragées.