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Quel bilan tirer du service civique à partir d'expériences locales ?

Créé en 2010 pour succéder au service civil, lui-même institué en 2006 afin de remplacer le service militaire suspendu en 1996, le service civique vise à « renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale ».

Devenir volontaire en Service Civique, est-ce « Découvrir le pouvoir d’être utile », comme le présente le site officiel ? Il offre « une mission pour chacun au service de tous : entre 16 et 25 ans et jusqu’à 30 ans en cas de handicap » dans les domaines de la santé, de la culture, de l’environnement … etc.

Les associations en accueillent plus de 80 %, avant les collectivités locales comme le Département du Gard (12%) et les établissements publics, fondations, mutuelles, syndicats (6%)1 Quels sont les côtés positifs et négatifs que l’on peut retirer d’expériences locales ?

Pour :

De nombreuses associations nîmoises dans le secteur social ou culturel accueillent des jeunes volontaires, soit directement, en étant agréées par le ministère, soit par l’intermédiaire d’Unis Cité qui les accompagne localement. Les associations sont formées au tutorat. Pour que les jeunes volontaires puissent trouver leur voie, vivre leur engagement, dans le respect de valeurs telles que l’intérêt général, la citoyenneté, la mixité, l’accompagnement bienveillant, l’accessibilité … Les volontaires renforcent les acteurs de terrain ou leur proposent une mission, sans toutefois remplacer un salarié.

Contre :

L’émission « Cash Investigation » a révélé en 2021 de nombreux abus dans les administrations. Le jeune Romain, qui a intégré Pôle emploi, affirme avoir endossé dès le début des responsabilités qui débordaient le contenu de sa mission : un simple renfort numérique. D’autres exemples existent, à la Poste, dans les services fiscaux.

Également, certains jeunes volontaires soulignent l’insuffisance de l’encadrement au sein de petites associations de quartier. Ils sont livrés à eux-mêmes, mais la pression subie est identique à celle d’un salarié, sans la valorisation des compétences.

Pour :

Pour les volontaires poursuivant en même temps leurs études, c'est un tremplin, une expérience, et une source de revenus. La mission peut révéler des aptitudes, confirmer un projet de formation ou au contraire de changement d’orientation.

Contre :

Les volontaires sont indemnisés 470€ par mois pour 24 heures hebdomadaires de présence, soit environ 3,25€ de l’heure : on est loin du salaire minimal. L’engagement devient un investissement.

Les associations n’ont pas toujours les moyens de fournir un encadrement adéquat ou des outils pédagogiques correspondant au niveau des décrocheurs scolaires (22% des volontaires sont titulaires de CAP, BEP ou d’un niveau inférieur au bac). La conduite de la mission en autonomie du volontaire n’est pas toujours possible.

Pour :

Engagement citoyen pour le jeune volontaire, la mission peut être motivée par l'altruisme, le besoin d'agir ou la recherche d'une expérience personnelle, le besoin de se sentir utile, de comprendre la société, d’être acteur de la solidarité entre les populations de tous les territoires.

Contre :

Le service civique est une sorte d’auberge espagnole. Les missions sont des expériences isolées dans de petites structures livrées à elles-mêmes, sans lien régulier avec une administration pour en valider le contenu, sans échanges de mixité sociale réels ou convaincants pour les jeunes volontaires. On y trouve ce qu’on y apporte. La notion de cohésion nationale entend faire vibrer la fibre patriotique. Mais ce n’est pas toujours une réalité dans des quartiers où une part de la population est d’origine étrangère.

Pour :

À la suite de leur Service Civique, les volontaires peuvent postuler à l’Institut de l’Engagement qui sélectionne chaque année 700 lauréats pour un accompagnement individualisé dans leur projet professionnel.

« Dans un système éducatif cadenassé, les jeunes n’ont pas tous les mêmes chances de succès. L’Institut de l’Engagement est un déclencheur d’opportunités pour des profils qui ont fait le choix de l’engagement. »

Les deux jeunes nîmois Houcem et Adil, qui en ont été lauréats en 2019 et 2021, témoignent des réelles opportunités qu’après leur volontariat, l’Institut de l’Engagement leur a offert : reprise des études ou formation, rencontres de professionnels, voyages internationaux, croissance exponentielle de leurs projets respectifs dans l’humanitaire ou dans la création textile.

 

Sans conclure :

S’engager de façon altruiste pour un jeune peut s’avérer une belle occasion de rebondir en apprenant à se connaître, en prenant confiance en soi, mais l’opportunité de la rencontre avec une mission ou une structure à même de l’y conduire est un quitte ou double, comme un jeu de « qui perd-gagne ».

1 https://www.service-civique.gouv.fr/api/media/assets/document/rapport-activite-agence-service-civique-2020.pdf

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