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Nîmes a-t-elle besoin de ce nouveau stade de football ?

Président du Nimes Olympique depuis le 2 juin 2016, Rani Assaf, créateur de la célèbre Freebox, est le principal et unique actionnaire du club. Estimant que le Stade des Costières n’est plus adapté au football professionnel, il a sollicité le cabinet Valode et Pistre, auteur du Grand Stade de Lille, pour concevoir un projet qui ne se limite pas à un nouvel équipement sportif, mais se présente comme une grande opération d’urbanisme privée. L’achat du stade des Costières, sa démolition, la reconstruction d’un stade moderne et de son stade provisoire représente un investissement d’environ 90 millions d’euros HT. Si l’on ajoute le quartier adjacent, le montant de l’investissement dépasse les 230 millions d’euros H.T.

Pour :

Le stade actuel, a été construit en 1987-1989. L’audit de la Fédération Française de Football de 2018 a mis en évidence de nombreuses anomalies qui remettent en cause son homologation à l’avenir : l’éclairage n’est plus aux normes, les structures d’accueil des médias sont inadaptées, les vestiaires sont vétustes, deux tribunes ne sont pas couvertes, le stade est orienté Est/Ouest et non Nord/Sud pour éviter l’éblouissement des gardiens, la gestion de la sécurité et de la circulation posent de nombreux problèmes, … De plus l’absence d’espaces d’accueil pour une clientèle d’entreprises limite les sources de recettes. Les architectes ont estimé qu’une reconfiguration de l’existant est quasi impossible par manque de place, notamment au regard des contraintes d’inondation.

Contre :

Le stade actuel des Costières, est l’œuvre des architectes Marc Chausse et Vittorio Gregotti, pour un cout de 160 MF (24 M€). Sa capacité compte tenu des normes de sécurité a été ramenée à 18 364 places, toutes assises. Est-il à ce point dépassé, obsolète, pour mériter une démolition ? Ou d’autres considérants ont-ils pris le dessus dans les choix opérés dont l’acte premier est la vente du stade des Costières le 25 juin 2019, jusqu’à lors propriété de la Ville de Nîmes, pour 8 M€, prix jugé très bas par tous les observateurs, au Président de la SAS NEMAU, Rani Assaf

Pour :

Le nouveau stade, d’une capacité de 13 600 à 15 100 places, est imbriqué dans un vaste ensemble immobilier de 85 000 m2 regroupant espaces de loisirs, un hôtel quatre étoiles, plusieurs restaurants, des logements collectifs en accession, une résidence sénior, une résidence hospitalière, un centre médical, un campus universitaire, des commerces et des bureaux.

C’est ce volet immobilier qui permet de financer le nouveau stade sans mobiliser l’argent des contribuables. De plus, le loyer restera pour le club le même que celui payé pour le stade des Costières, le coût d’investissement total ne sera pas répercuté sur le club.

Contre :

Ce projet met à la porte des activités aujourd’hui accueillies dans le stade des Costières : outre la Direction des sports de la Ville, de nombreuses associations et plusieurs clubs de sports.  La ville de Nîmes est donc contrainte d’engager la construction d’une halle des sports afin de reloger les activités sportives de l’actuel stade des Costières.

Le cout de cet équipement d’une superficie de 9500 m2, est de 11.8M€. A la charge des nîmois, il n’est couvert que partiellement par la vente du stade.

De plus le projet nécessite la construction d’un stade provisoire nécessaire à la poursuite du championnat de football. Ce stade est prévu au sein de la ZAC du Mas de Vignolles, zone pourtant destinée aux activités commerciales, de l’autre côté de l’autoroute A9. Après de nombreuses péripéties et tergiversations, le permis de construire a été signé par le maire de Nîmes le vendredi 2 juillet.

Pour :

L’objectif est générer des « revenus 365 jours par an » et « réussir à créer ainsi le premier club autonome de France ne dépendant pas de ses actionnaires ». Pour son président, « ce projet est unique car, aucun stade existant n’a ce niveau d’intégration urbaine ».

L’amélioration des conditions d’accueil des spectateurs, la création d’offres de services et de restauration variées va permettre d’accroître les revenus du club. Le stade développera des offres complémentaires en dehors des jours de match : accueil de séminaires, restaurants ouverts à l’année, boutique officielle, musée du Nîmes Olympique…

Contre :

Nimes Olympique, le club, appartient-il encore au patrimoine nîmois ? Le projet de nouveau stade et d’éco-quartier, à supposer qu’il le soit réellement, doit-il être à ce point dissocié du devenir du Nîmes Olympique, de ses supporters, de son public mais aussi du projet concernant la formation des joueurs et donc l’avenir du centre de formation ? D’un côté le projet sport-business et immobilier, de l’autre la formation des jeunes et des nouveaux joueurs ?

Les relations tendues entre le Président du club Nimes Olympique et la Ville de Nîmes * mais également avec les salariés du club**, ainsi qu’avec l’Association Nîmes Olympique et le centre de formation*** sont-elles de nature à porter un coup fatal au modèle économique souhaité par le président-manager-actionnaire ? Parle-t-on réellement de foot quand un président oublie de travailler avec les forces vives locales et de construire avec elles un projet citoyen que ce sport et son histoire locale se doivent d'incarner ?  

* « Nimes Olympique : le maire suspend les discussions pour le futur stade », titre du ML du 30 mai 2021.

** « Rani Assaf : l’annonce choc », titre du ML du 22 mai 2021

*** « L’Association de Nîmes Olympique veut sauver le centre de formation », ML le 12 mai 2021

Sans conclure :

Ce projet de stade symbolise un changement d’époque. Le football, même en ligue 2, est devenu avant tout un business. On construit des stades, comme on bâtit des parcs à thème. La seule différence c’est que les acteurs-salariés sont bien mieux payés, même lorsque le spectacle est médiocre. Le stade n’est plus un équipement public. On peut se réjouir que le foot prenne son autonomie financière, mais on peut aussi s’interroger sur l’avenir de ce modèle. Et vous qu’en pensez-vous ?

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Un de nos fidèles lecteurs, Max Portal, nous fait par de ses commentaires sur notre article relatif au nouveau stade de foot. Il conteste les arguments de Rani Assaf. Découvrez son texte illustré en cliquant ICI